À lautomne 1997, les CLSC Côte-des-Neiges, Métro, NDG/MTL-O, René-Cassin, Saint-Louis-du-Parc et le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) obtenaient une subvention du Fonds dadaptation des services de santé (FASS) pour implanter et expérimenter un continuum de services palliatifs aux personnes adultes en phase terminale. Ce projet est terminé, que pouvons-nous en dire?
Entre 1996 et 1997, les gestionnaires et des intervenants des CLSC du Centre-Ouest de Montréal et du CUSM ont initié une démarche de concertation en vue de définir une programmation CLSC/CH qui assurerait la réponse aux besoins des personnes en phase terminale dans la communauté. La présentation dune demande de financement au FASS en automne 1997, permettait de proposer limplantation de cette programmation et le modèle dorganisation des services à des fins dexpérimentation et damélioration. La présentation du projet a exigé que les CLSC et le CUSM fassent un consensus sur les besoins de financement nécessaire pour implanter la programmation et adhèrent à une vision commune des services à offrir. Limplantation de la programmation a exigé lharmonisation des critères et du fonctionnement. Les chercheurs impliqués dans lévaluation de la programmation étaient rattachés au CUSM et à la Régie régionale Montréal-Centre.
Lévaluation démontre que modèle est prometteur et mérite dêtre poursuivi. Les usagers et les aidants ont révélé limportance :
- de la disponibilité des services requis en tout temps dont certains 24 heures/ 7 jours,
- des visites du médecin à domicile,
- du contact personnel des aidants avec les intervenants durant la période de deuil,
- de laccès aux disciplines suivantes : travail social, psychologue, ergothérapie, physiothérapie et nutritionniste en plus des infirmières, des médecins et des auxiliaires familiales,
- du travail en équipe multidisciplinaire
Les soins ont été bénéfiques à la qualité de vie des aidants, principalement pendant les deux dernières semaines de vie du patient. Les coûts directs variables (soins et services) moyens pour lhospitalisation sélevaient à 506 $ par jour alors que pour les services à domicile, ils sélevaient à 152 $ par jour. Pour les 201 usagers inscrits et décédés durant lannée financière 2000-2001 le coût moyen pour les services à domicile offerts sélevait 4 600 $.
Les intervenants des CLSC ont ainsi acquis et mis en application des connaissances et des habiletés concrètes relatives à lapproche aux mourants. Ils ont accompagné des personnes et leurs aidants qui présentaient des situations lourdes, complexes et soumises à des changements rapides. Les intervenants ont donc pu sapproprier leur rôle selon le modèle proposé par les promoteurs du projet et ainsi reculer les limites du maintien à domicile en accompagnant les usagers en phase terminale1 jusquau décès à domicile si cela était souhaité et possible. Concrètement, 64,2 % des personnes inscrites et décédées en 2000-2001 sont décédées à domicile2. À cet effet, le projet permettait doffrir une ligne téléphonique dédiée; un service de garde infirmière, médicale et pharmaceutique; lintensification des services daide et de soins à domicile; le répit et le gardiennage; les services dun psychologue, la disponibilité de toutes les disciplines de léquipe de maintien à domicile; ainsi que tout léquipement et les fournitures sans frais pour lusager3. De plus, léquipe consultante en soins palliatifs du CUSM a permis daccroître la référence des usagers des divers départements du CUSM vers les CLSC.
Par son implication dans lévaluation de la mise en uvre, la Régie régionale de Montréal-Centre dispose de plus dinformations pour définir et implanter un programme régional de services palliatifs à partir de son réseau de services à domicile. Pour le Ministère de la santé et des services sociaux, lexpérience du projet pourrait aider le comité ministériel à préciser les modalités dorganisation et le fonctionnement nécessaire pour réussir le maintien à domicile des personnes en phase terminale et à estimer avec plus de précision les investissements requis par le réseau des services de première ligne pour quil puisse sacquitter de son mandat à légard de cette population.
Toutefois, le refus de la Régie régionale Montréal-Centre dassurer la continuité des services mis en place faute dargent a forcé les 5 CLSC et le CUSM à revenir près de la case départ. Ce refus envoie un message démobilisant aux établissements qui ont pris linitiative daméliorer les services aux personnes en phase terminale ainsi quaux établissements qui voudraient en faire autant dans le futur. Nous croyons que, pour ce type de projet de démonstration, lengagement du MSSS et de la Régie régionale à assurer la continuité des activités en donnant suite au succès est une condition essentielle. Sans un tel engagement, les établissements du réseau de la santé et des services sociaux ne seront pas incités à prendre de risques pour développer des services adaptés à la clientèle à partir de leur propre initiative.
Les données démographiques indiquent que le nombre de personnes en phase terminale ira en augmentant au cours des prochaines décennies. La mort demeure un événement qui peut tout au plus être retardé. Mais la qualité de la vie des personnes en phase terminale et le respect de leur dignité peuvent être améliorés. Cest ce que nous avons démontré en offrant une plus grande variété et une plus grande intensité de services à 700 personnes en phase terminale et à leurs aidants.
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1. |
Sans distinction de maladie.
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2. |
Sont inclus dans ce % les personnes (10 personnes sur 201) qui ont séjourné moins de 48 heures à lhôpital ou en hébergement.
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3. |
Cette énumération nest pas exhaustive.
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